Samedi 3 décembre 2011. Après une petite sieste d'environ 1h, je prépare mon sac : bouteilles d'eau, thermo de tisane, gâteaux, fruits, lampes, bonnet, gants, sac de couchage, sans oublier le téléphone portable et le GPS + le parcours de la SaintéLyon.
A 21 h, je passe prendre Fabie à St-Denis. Nous chargeons ses affaires ainsi que celles de Marie-Claire (Une bonne idée qu'elle à eu !).
Ça y est. Nous sommes en route pour St-Étienne. Il pleut. Il y a un peu de circulation à l'approche de Lyon.
A 22h30, nous arrivons sans encombre près du Parc des Expositions et, pendant que nous cherchons une place pour se garer (dur dur…), Sylvie nous appelle pour nous dire qu'elles partent dans une demi-heure. En effet, la course, cette année, part du Stade de Geoffroy Guichard à ½ heure à pied.
Nous trouvons à nous garer assez près de l'entrée et nous retrouvons Marie-Claire et Sylvie déjà prêtes. Nous récupérons leurs sacs : un 2ème petit pour Marie-Claire, mais un gros pour Sylvie + un tapis de sol. Encombrées de nos parapluies et de leurs sacs, et après quelques hésitations, nous retrouvons la voiture.
En partant, nous passons sous une passerelle où une chaîne humaine avance sans discontinuer vers le point de départ de la course. Je retrouve l'endroit où l'année précédente nous avions regardé la course, mais cette année, pas de pancarte de signalisation, personne aux différents carrefours. La course ne passera pas là. Nous tournons et virons pour essayer de rejoindre l'entrée du Stade de Foot, mais nous tombons à chaque fois sur la route barrée ou dans un cul de sac. A un moment donné, en suivant une voiture, croyant qu'elle connaissait le chemin, nous nous retrouvons dans une rue étroite avec des loubards sortant de cette voiture. Une seule pensée en tête : pourvu que la rue ne soit pas en cul de sac. Ouf ! Ça passe à gauche. Ils ont sûrement dû être beaucoup dérangés car il y avait beaucoup de voitures qui cherchaient à rejoindre le parcours.
Il est minuit. Ce n'est plus la peine de chercher à rejoindre le stade. Nous décidons d'aller à Sorbier, à 8km du départ, pour les voir passer. Nous nous postons à un carrefour assez éclairé avec nos parapluies verts de la Toussitrail, et un gros pied orange fluo de CAPBUGEY pour qu'elles nous repèrent de loin. Au début, ce sont les 1er relayeurs qui passent, puis les 1er de la longue distance arrivent. L'allure et la cadence ne sont pas les mêmes. Nous attendrons jusqu'à 0h45 pour les voir arriver. Elles passent si vite qu'elles ne nous ont pas vues. On les appelle, tout va bien et pfutt… elles s'évanouissent dans la nuit.
Nous partons pour le croisement de L'Hôpital au km 20. Les coureurs empruntent la route sur environ 1 km. C'est une file continue de coureurs et de voitures. Il y a déjà beaucoup de monde. La pluie s'est arrêtée, mais il y a un vent qui souffle très fort. Comme nous avons le temps, nous en profitons pour boire une soupe préparée par Fabie. Après une heure d'attente, nous sortons emmitouflées, on ne voit que nos lunettes… Nous avons le vent en pleine face. Nous sommes aveuglées par certaines lampes, les nouvelles petzell, des vrais phares. Tous ces gens qui passent en courant, nous saoulent et le vent n'arrange rien. Tout est noir et gris. Nous les distinguons mieux lorsqu'ils passent juste à côté de nous. Beaucoup ont fait des commentaires sur notre pied, mais les seules pour qui c'était destiné, ne l'ont pas vu. Et c'est au dernier moment que nous les avons reconnues. "- Ça va ? – Oui oui, pas de souci !" Et c'est reparti. Il est 2h45.
Nous retournons à la voiture et reprenons une petite soupe pour nous réchauffer, nous sommes gelées. Après le GPS Jacques, nous prenons le GPS Albert pour nous rendre au km 34, juste avant le ravitaillement de St Genoux. Pour nous, c'est un peu compliqué car nous devons faire un détour pour éviter Ste Catherine et passer à St Martin en Haut. Près de St Martin, je rate une bifurcation, mais le GPS se recale et nous lui faisons confiance. C'est raté. Il nous amène à Ste Catherine. Nous regardons la carte reprogrammons Albert et faisons demi-tour. Albert est lui aussi fatigué. Il nous indique une direction, puis se recale tout de suite dans la direction opposée. Tiens, on est déjà passé par-là. Là aussi… On revient près de Ste Catherine, enfin, pas tout à fait, car au croisement, nous voyons la pancarte St-Martin, Ouf !
Nous arrivons enfin à St Genoux. D'ici, nous pouvons voir la longue procession des lampes frontales sur plusieurs kilomètres. Un vrai serpent de lumière. C'est beau ! Mais lorsque les coureurs arrivent vers nous, on dirait une armée revenant du front. Ils ont subi le stress de la descente boueuse du bois d'Arfeuille, puis la montée très raide jusqu'à nous. Pas un ne court ; ils sont crottés, ils marchent tête baissée et n'attendent qu'une chose, le prochain ravitaillement qui est encore à 1km. Certains se sont blessés en chutant dans la descente. Cette année, il n'y a pas de tente de secours. Il faut attendre l'ambulance. Un caméraman de la Saintélyon ou de FR3, vient filmer.
Après 2h30 d'attente, il n'y a pratiquement plus que nous comme spectatrices. Nous commençons à nous inquiéter. Est-ce que nous ne les avons pas vues passer ? Est-ce qu'elles ont un problème ; fait une chute ?
Enfin, un coup de fil ! Sylvie nous annonce qu'elles sont dans la montée. Nous sortons de la voiture pour les attendre. Elles arrivent, il est 5h45. Elles se sont arrêtées au ravitaillement de Ste Catherine. Après une pause technique et une photo et elles repartent. "On se retrouve dans 2h30" nous dit Sylvie.
C'est reparti. Nous descendons sur une route très sinueuse. Environ 1km plus bas, dans un virage, une trentaine de coureurs recouverts de leur couverture de survie (positionnés comme une chorale mais silencieuse) attendent la navette. On dirait des sapins de Noël, tous enguirlandés.
Nous arrivons rapidement à Soucieu (sans souci de parcours). Nous trouvons un super emplacement, dans une petite rue, les coureurs passent à côté de la voiture. Nous ne pouvons pas les rater. Nous programmons le téléphone pour nous réveiller au cas où, et faisons un petit somme bien au chaud sous notre duvet. A 7h45, le téléphone sonne. Ce n'est pas l'alarme, c'est Sylvie qui nous cherche car elles sont déjà en vue du ravitaillement. Comme cela prendrait trop de temps pour les retrouver, nous leurs donnons rendez-vous à Chaponost, soit 8km plus loin, au même endroit que l'année dernière. Le jour se lève. On les a ratées, mais cette petite sieste nous a ragaillardies.
Chaponost, Km 52. Toujours des coureurs, mais fatigués, marchant, claudiquant. Sylvie et Marie-Claire arrivent à 8h30. La fatigue se fait sentir. Marie-Claire est tombée, ce n'est pas grave, juste un peu plus crottée. Sylvie ne peut plus rien avaler, Marie-Claire accepte de la soupe. Elles remplissent leur camel back, nous faisons quelques photos puis elles repartent. Il leur reste encore 16km avec la montée des aqueducs de Beaunant puis les interminables quais de Saône. Nous ne les envions pas.
Arrivées à Gerland, nous trouvons vite une place pour nous garer. Nous allons les attendre dans les gradins au-dessus de l'entrée. Il n'y a pas beaucoup d'ambiance, pas de musique. Les coureurs arrivent, lèvent les bras sous l'arche d'arrivée, certains font des pirouettes au risque de se coincer le dos. Seules quelques personnes applaudissent. Le speaker de temps en temps essaye de chauffer la salle mais cela ne dure pas.
Vers 10h30, nous rejoignons le sas d'entrée pour mieux les voir arriver. Dans la salle, les podiums s'enchaînent. Le speaker appelle le premier des 68km, nous tournons la tête pour voir qui c'est et, à ce moment précis, les filles arrivent. Nous les voyons au dernier moment sous l'arche. Nous somme dimanche 4 décembre 2011, il est 10h46.